Les propositions formulées, le 29 août, à Prague, par Olaf Scholz posent les bases d’un nouveau projet européen, ni nationaliste ni libéral, assurent, dans une tribune au « Monde », Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, Sylvie Guillaume, députée européenne, et Christophe Clergeau, secrétaire national chargé de l’Europe au PS.
Le chancelier allemand a prononcé, le 29 août, à Prague, un discours qui a été finalement peu commenté par les politiques français mais qui est pour nous un document important, de nature à poser les bases d’un nouveau projet européen partagé entre la France et l’Allemagne. Ce texte n’est pas complet et nous avons nos propres propositions à mettre en avant, mais il est une stimulante base de discussion entre les socialistes français et les sociaux-démocrates allemands.
Olaf Scholz revendique la nécessité de porter sur les fonts baptismaux un nouveau projet européen. Fondée sur un projet de paix tourné vers l’intérieur, l’Union européenne (UE) doit désormais défendre ses valeurs et assurer son indépendance et sa stabilité également vis-à-vis de l’extérieur, elle doit assumer d’avoir des intérêts géopolitiques et stratégiques. Il insiste sur l’Etat de droit, « valeur fondamentale qui devrait lier notre union ». Il propose une force de réaction rapide européenne en 2025, c’est-à-dire demain, et un système de défense aérienne.
Si l’Europe est construite sur ses valeurs et un projet de société humaniste, alors elle doit accueillir les peuples qui veulent rejoindre ce combat et accepter un nouvel élargissement, incluant notamment l’Ukraine. Il met en balance cet élargissement et le passage généralisé à la majorité qualifiée, notamment sur la politique fiscale, pour rendre de nouveau l’Europe gouvernable et capable d’aller collectivement de l’avant.
Un nouvel équilibre
Olaf Scholz insiste également sur la nécessité de mettre fin aux dépendances unilatérales et sur la définition d’un nouvel équilibre entre la nécessaire ouverture économique au reste du monde et l’objectif de souveraineté européenne. « Made in Europe 2030 » est un mot d’ordre que nous reprenons et qui implique une réforme profonde de la politique de concurrence, de la politique commerciale et, ajoutons-nous, de la politique agricole commune.
Le chancelier fait enfin du « investir ensemble » sa priorité politique, y subordonnant la gouvernance économique européenne devant succéder au pacte de stabilité. Investir pour construire la souveraineté industrielle et sanitaire de l’Europe, investir pour réussir la transition écologique, investir pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales, voilà une perspective chère aux socialistes français.
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