Prise de parole au Parlement européen à Strasbourg
Le mardi 6 février 2024
« Monsieur le Président, chers collègues, je suis pour l’innovation, pour une législation NGT. Ils sont sûrement utiles, mais je me refuse à jouer l’apprenti sorcier et à enlever toute liberté de choix aux consommateurs et aux paysans.
Dans les débats sur ce texte, nous avons progressé sur certains points, par exemple sur la non-brevetabilité de ces nouveaux OGM que les rapporteurs n’ont pas défendus devant la Commission et que je défends ici. Mais nous devons aller plus loin, garantir la traçabilité, l’information des consommateurs, protéger effectivement les filières non-OGM, dont l’agriculture biologique, assurer la surveillance des impacts sur l’environnement.
Tout cela, c’est du bon sens, c’est de la prudence, c’est de la fidélité à des décennies de combats de ce Parlement qui s’est toujours battu pour les droits des consommateurs et pour la reconnaissance de la diversité de l’agriculture.
Alors, le Conseil économique et social européen est d’accord avec ce que je viens de dire. Le Comité européen des régions est d’accord avec ce que je viens de dire. Des dizaines de milliers de citoyens s’expriment et vous envoient, nous envoient des mails pour le dire. Et nous, nous devrions rester sourds, aveugles à cette mobilisation ? Non.
Et le pire dans ce débat, c’est que nous allons voter demain, alors que les fondements scientifiques de la proposition de la Commission sont en pleine controverse scientifique. L’agence française, l’ANSES, a publié une étude qui remet en cause radicalement les critères proposés par la Commission pour distinguer catégorie un et deux. Cette étude doit être sérieuse, puisque nous allons en débattre en Commission ENVI après le vote. Elle doit être sérieuse, puisque le Parlement va demander à l’EFSA une opinion scientifique sur la vie de l’ANSES que l’EFSA devra rendre en juillet. Vous voyez bien l’absurdité de ce débat à voter, alors que les termes même du vote sont encore en pleine controverse.
Donc oui, cette situation est absurde. Mais oui, nous devons donner des outils aux agriculteurs. Mais oui, nous devons rendre des comptes aux citoyens, car ils ne voudront pas manger des OGM sans le choisir et sans le savoir.
Ils nous demandent aussi des comptes, le rendez-vous pour les comptes, ce sera pas seulement demain, ce sera aussi le 9 juin. Merci. »