Intervention lors de la conférence pour une nouvelle relation de partenariat UE-Amérique latine
Bruxelles, le lundi 17 juillet 2023
Alors que la Commission européenne veut utiliser le sommet UE-Amérique latine qui se déroule le 17 et 18 juillet à bruxelles pour finaliser les accords de commerce UE-mercosur, UE-Chili & UE-Mexique, je suis intervenu lors d’une conférence au Parlement européen pour une nouvelle relation de partenariat UE-Amerique Latine.
Mon intervention :
« Le sentiment qui domine c’est que la fête est finie.
Après 40 ans, de domination des idées libérales, nous nous réveillons ici comme vous, avec la gueule de bois écologique, et en ayant pleinement conscience des conséquences sociales humaines économique de tous les dégâts qui ont été réalisés par le libre-échange depuis ces décennies.
Néanmoins, pour certains la fête continue et Maxime Combes l’a dit tout à l’heure : « c’est bien le business européen et non pas les peuples Européens qui sont aujourd’hui dans la bataille pour l’accord MERCOSUR ». Et je rebondirai sur ce qu’a dit Manon Aubry tout à l’heure, c’est vrai qu’il y a un paradoxe extraordinaire à ce que l’Europe aujourd’hui parle de souveraineté, de souveraineté alimentaire, de souveraineté industrielle, de souveraineté sanitaire et cherche à nouveau à imposer des accords de libre-échange.
C’est comme si l’Europe avait deux tête. Une tête qui tirerait les leçons de ce qui s’est passé et de toutes les crises et une autre tête qui continuerait la fuite en avant dans le libéralisme.
Alors je vais revenir, mais je crois que nous avons vraiment besoin et c’est l’objet de cette table ronde, de nouveaux partenariats. Qu’est ce que certains européens vont vous proposer ? Ils vont imposer un protectionnisme européen qui ne sera pas favorable à l’Amérique latine et ils vont imposer une logique de prédation qui vise à aller chercher et on le fait déjà en partie chez vous, ce dont nous avons besoin pour réussir la transition écologique, et pour répondre à nos besoins.
En ce moment, nous avons un débat au parlement sur l’extraction des matériaux critiques, et nous nous battons avec les écologistes avec le groupe The Left, pour imposer le consentement des populations et des populations indigènes, notamment pour l’accès au foncier et l’accès aux ressources. Et bien la majorité des droits de cette assemblée oppose à ce que ce terme soit pris en compte. Ils veulent les mains libres pour aller chercher ce qui nous manque chez vous.
Alors pourquoi nous avons besoin d’un nouveau partenariat ? Moi je ne suis pas un opposant du sommet (UE-Amérique Latine) qui a lieu ici. C’est important que les chefs d’État et de gouvernement se parlent. Je ne suis pas un opposant au principe d’accord de partenariat, et ça a été dit tout à l’heure qui ont un volet développement et un volet échange.
Vous parlez de colonialismes ou de néocolonialismes et vous avez raison. Est-ce que vos relations avec la Chine sont de meilleures qualités qu’avec l’Europe ? Est-ce que nous n’avons pas toujours avec notre histoire, ses points forts et ses points faibles, beaucoup à partager ? Les grandes démocraties dans le monde elles sont majoritairement en Europe et en Amérique et aucune nos démocraties ne sont parfaites. Mais c’est quand même un socle pour chercher à construire ensemble quelque chose de nouveau. Et si nous voulons réguler ce monde, il faut une coopération entre les blocs régionaux, l’Europe, l’Amérique latine et entre les démocraties.
Alors si je ne risque à proposer quelques points comme base de départ d’une discussion pour un partenariat juste équitable, je commencerais par une citation du représentant des peuples indigènes : « s’assoir, autour d’une table et grandir ensemble, le vieux continent doit respecter le nouveau continent. » Et je trouve que c’est très important.
Je poserai deux principes politiques, quatre principes concrets, économiques et sociaux. Deux principes politiques, qui valent pour nous comme pour vous :
- c’est la transparence et le débat démocratique sur ce que nous voulons les uns et les autres en associant les sociétés civiles et les acteurs partout en Europe, et en Amérique latine.
- Le deuxième principe politique pour moi, c’est le consentement des populations dans l’utilisation de la terre que l’on parle de agriculture d’extraction ou d’industrie parce que la terre est un bien commun entre les mains des populations.
Quatre principes économique :
- la souveraineté alimentaire que vous avez tous évoqués et le progrès dans le développement industriel parce que l’industrie, ce sont des emplois de qualité durable et des revenus qui évoluent favorablement, ça a été dit tout à l’heure dans chacun de nos pays.
- Ensuite, des accords ciblés sur des objectifs de développement humain partagé, et une coordination des stratégies de transition écologique.
- Nous devons partager la vision que nous avons du monde que nous voulons construire les uns et les autres. Et aux points de rencontre entre nos visions et nos stratégies, trouver les espaces de coopération et de développement.
Et puis pour terminer, je voudrais rappeler que avant les accords de libre-échange, il y avait des échanges commerciaux. Ces échanges commerciaux ils étaient discuter secteurs par secteurs. On appelait ça dans le passé : des accords sur les produits de base. Et on cherchait à définir, secteur par secteur, produit un produit, les conditions d’une relation équitable, la stabilité des prix et la régulation des marchés. Pour pouvoir garantir aux uns et aux autres une rémunération équitable et des perspectives de moyen terme.
Voilà les quelques principes que je mets dans la discussion. En vous remerciant pour tout ce que vous m’avez appris depuis début de matinée, et en espérant qu’on pourra dans les mois qui viennent écrire ensemble cette vision d’avenir d’un partenariat parce que moi pour convaincre ici au Parlement européen, je n’ai pas besoin de simplement dire non, je dois aussi dire après le non qu’est-ce qui peut venir de positif ?
Merci. »
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Seul le prononcé fait foi.
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